Je ne retrouve pas le lien source de cet article, et c'est dommage. Le sujet mérite réflexion, car les maladies dites auto-immunes demeurent encore négligées par la science. Elles font partie de ces "maladies orphelines", pour lesquelles peu de ressources financières sont consacrées.
Des cellules pour tolérer le soi
30 septembre 2010
Des chercheurs aux États-Unis ont découvert une cellule du système immunitaire qui empêche d’autres cellules de l’organisme de s’attaquer au soi : une stratégie potentielle contre les maladies auto-immunes.
Les maladies auto-immunes, tels la sclérose en plaque, le diabète de type I, le lupus ou la maladie de Crohn, sont dues à une hyperactivité du système de défense qui ne tolère plus le « soi » et détruit des cellules ou des substances de l’organisme. On trouve alors chez le patient des auto-anticorps, c’est-à-dire des molécules reconnaissant comme étrangers des antigènes (des « marqueurs ») du soi.
On ignore souvent les causes des maladies auto-immunes, mais des prédispositions génétiques et un facteur déclencheur (un virus, une bactérie, un antigène alimentaire, etc.) pourraient être à l’origine du dérèglement du système immunitaire. Hye-Jung Kim, de la Faculté de médecine de Harvard à Boston, et ses collègues viennent de découvrir des cellules du système immunitaire qui contrecarrent ce déréglement, en empêchant la production des auto-anticorps.
Le système immunitaire est censé défendre l’organisme contre des agents pathogènes extérieurs et des cellules du soi anormales ou cancéreuses. Pour ce faire, des cellules nommées lymphocytes B et T reconnaissent des protéines antigéniques à la surface des intrus. Elles déclenchent alors la réaction immunitaire, soit en produisant des anticorps dirigés contre les antigènes pathogènes, soit en détruisant directement l’intrus. Parfois, les lymphocytes B produisent des anticorps contre des molécules du « soi ». Ces auto-anticorps peuvent alors déclencher une réaction immunitaire « intolérante » et la maladie auto-immune s’installe.
Les lymphocytes T et B sont très nombreux et variés selon leur fonction et les récepteurs qu’ils portent à leur surface. On sait notamment que des lymphocytes T régulateurs (appartenant à la catégorie des cellules T CD4+) sont capables de limiter la réponse immunitaire quand celle-ci s’emballe, par exemple lors d’une inflammation. Ils jouent le rôle de « police des polices du corps humain ». Les immunologistes ont désormais découvert, chez la souris, une population de lymphocytes T régulateurs dits CD8+ qui évite la production des auto-anticorps et empêche le développement d’une maladie auto-immune chez la souris.
Comment agissent ces lymphocytes T CD8+ ? Ils interagissent, via une protéine de surface nommée Qa-1, avec les lymphocytes T auxiliaires folliculaires, une autre variété de lymphocytes T CD4+ qui commandent aux lymphocytes B de produire des anticorps. Cette rencontre inhibe les lymphocytes T auxiliaires folliculaires qui ne stimulent plus les lymphocytes B ; les auto-anticorps ne sont donc plus produits.
Les immunologistes ont étudié des souris qui n’expriment plus la protéine Qa-1 des lymphocytes T auxiliaires folliculaires. Ces rongeurs développent une forme de lupus, preuve que leur système immunitaire s’est emballé et a produit trop d’auto-anticorps. En effet, les lymphocytes T CD8+ ne peuvent alors plus jouer leur rôle de régulateur et limiter l’activation des lymphocytes B.
La manipulation des lymphocytes T régulateurs CD8+ peut ouvrir des perspectives thérapeutiques. En augmentant leur nombre, on limiterait des réactions auto-immunes. À l’inverse, en les éliminant, on pourrait stimuler l’immunité pour lutter contre des cancers ou des infections graves.
Bénédicte Salthun-Lassalle
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